lundi 29 octobre 2012

Oman et la "Montagne verte"



Voici quelques photos de ma "traversée"de Nizwa et de la région montagneuse du Sultanat d'Oman qu'on appelle en arabe la "verte" (Jabal Akhdar) en raison de ses cultures en terrasses et de ses étroites vallées touffues de grenadiers. 

Lors de ses pérégrinations dans les déserts d'Arabie à la fin des années 1940, l'explorateur britannique Wilfred Thesiger raconte avoir été empêché de franchir ce territoire omanais qui était alors un imamat en conflit avec Muscat et interdit aux non-musulmans et étrangers. 

Le sultan dut même appeler en renfort dans les années 1950 l'aviation britannique pour reprendre le contrôle de cette région montagneuse, très difficile d'accès pour les fantassins et les chars de l'armée. Gardée par une clôture grillagée, la carcasse rouillée de ce qu'on présente comme un hélicoptère de combat britannique témoigne de cette guerre de cinq ans. La dépouille du pilote repose, dit-on, à côté des vestiges de l'appareil, dans un petit mausolée de pierres plates.






Vaincu en 1954 par les troupes du sultan, le dernier imam de cette dynastie ibadite (l'un des courants rigoristes les plus anciens de l'islam), Ghalib bin Ali, est mort en 2009 dans son exil saoudien, sans jamais avoir revu ses montagnes en dépit d'une amnistie.


On peut aujourd'hui accéder sans difficultés à ces montagnes par une route en lacets parfaitement pavée, agrémentée de voies de secours, si jamais les freins lâchaient pendant la descente. Sécurité oblige après maints accidents dans la région, dit-on, seuls les véhicules 4X4 sont autorisés sur cette route. Un barrage de l'armée installé à l'entrée du col se charge de faire respecter la loi.


L'armée semble d'ailleurs tenir fermement les rênes de cette région jadis "rebelle" où elle compte une vaste base militaire. Tous les guides touristiques semblent issus de ses rangs ou des forces de sécurité, peut-être, qui sait, l'un des plus importants employeurs de la région. Et personne ne peut avoir droit à un bout de terrain de la "Montagne verte" s'il n'en est pas originaire...


Natif de Nizwa, notre guide était officier ingénieur dans l'armée de l'air. Il nous fit écouter en voiture un discours enregistré du Sultan, histoire de nous faire comprendre qu'il n'y aurait pas de révolte à Oman contre celui qui est le doyen des chefs d'Etat arabes depuis l'éclatement du soi-disant "Printemps arabe".

Il est vrai que le sultan Qaboos, au pouvoir depuis 1970 après avoir renversé son père sans effusion de sang, a fait beaucoup pour son peuple en termes d'éducation et d'infrastructures, et ce, en dépit de ressources pétrolières limitées.


Parlant de la Syrie, un sujet qui fait l'unanimité contre Bachar al-Assad dans les pays du Golfe, j'ai été un peu étonnée par l'ignorance de notre guide qui n'avait aucune idée de ce qu'était la secte alaouite de Bachar, n'avait jamais entendu parler des Druzes ni de leur flamboyant chef libanais Walid Jumblatt, et ne soupçonnait sans doute pas même l'existence de chrétiens parmi les Arabes. Sur cette planète, savoir lire est une chose, mais pouvoir s'ouvrir à la diversité du monde en est une autre beaucoup plus ardue.


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