lundi 15 juillet 2013

Canon et rideaux pour le Ramadan



A l'heure où se cache le soleil, un coup de canon retentit dans le "downtown" Dubaï pour marquer la fin du jeûne et le début du repas tant attendu de l'Iftar. Depuis une semaine et pour encore près d'un mois, les musulmans doivent tout le jour s'abstenir de boire, de manger, de fumer, d'aimer. 

Par 50 degrés celsius de chaleur et des journées de treize heures, la tentation est forte de passer le temps en dormant. Et, la nuit venue, de jouer les noctambules jusqu'à l'aube. Les centres commerciaux ouvrent donc jusqu'à une heure du matin, et les cafés restent eux aussi ouverts toute la nuit, après leur fermeture diurne obligatoire. 

Bien sûr, Dubaï est une ville touristique. Les restaurants restent ouverts le jour dans les grands hôtels mais ne servent de l'alcool qu'à partir de 20h. Quant au DIFC, le centre financier très cosmopolite de Dubaï, des rideaux ont été installés devant les restaurants - ouverts - pour empêcher les jeûneurs de voir manger  les mécréants.  





Dans la plupart des grandes boîtes de Dubaï - qui travaillent au ralenti pendant le Ramadan, les employés n'étant pas tenus de travailler plus de six heures par jour -, le casse-croute a aussi été rangé à l'abri des regards derrière des rideaux. Il n'est vraiment pas bien vu de manger en public, c'est même illégal...

Je me souviens que lors de mes études d'arabe dans le royaume conservateur de Jordanie, on avait demandé aux étudiants non musulmans de s'abstenir de boire et de manger en public sur le campus, par respect pour les jeûneurs. Une étudiante russe, qui vivait sur le campus, avait voulu me montrer l'envers du décor. Elle m'avait emmenée dans un de ces restaurants populaires longeant la rue principale en face de l'université, tous fermés pendant la journée. Nous sommes passées par une porte dérobée derrière l'établissement, puis après un escalier ou deux, sommes entrées dans une salle obscure et enfumée, où tous les rideaux avaient été tirés sur un groupe de "tricheurs" jordaniens qui pompaient comme des désespérés leur cigarette ou sirotaient un café...  Comme quoi des tricheurs, il y en a partout.