mardi 26 février 2013

Poème de Mohammed al Maghout

J'ai traduit un court poème d'un autre auteur syrien de premier plan peu connu hors des mondes arabes, Mohammed al Maghout. Décédé en 2006 à l'âge de 72 ans, il était aussi dramaturge et scénariste. Bien sûr, il a connu la prison et l'exil, comme nombres d'intellectuels syriens. Sa poésie est sombre et parfois violente, à l'image de son époque...


L'Orphelin

ah 
le rêve
le rêve
ma voiture étincelante d'or 
est en morceaux et ses roues
roulent comme les gitans
en tous lieux
J'ai rêvé une nuit du printemps
et à mon réveil
des fleurs fleurissaient mon oreiller
J'ai rêvé une fois de la mer
et au matin 
nageoires et coquillages couvraient mon lit
mais quand j'ai rêvé de la liberté
des piques encerclaient mon cou
telles une auréole
Ne me cherchez plus
sur les quais attendant un bateau ou un train
Vous me trouverez désormais dans les bibliothèques
à dormir sur les cartes de l'Europe
du sommeil de l'orphelin échoué sur un trottoir
où ma bouche embrasse plus d'un cours d'eau
et mes larmes voyagent de continent en continent


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