Je n'avais pas foulé le sol afghan depuis six ans. Et Kaboul a bien changé.
Il y a eu une éruption de supermarchés et d'échoppes qui vendent de tout mais ne produisent rien, à part quelques fruits. L'électricité est intermittente et l'inflation, éreintante. Les inégalités sont plus criantes et les tensions communautaires entre les Pachtounes majoritaires et les Tadjiks réfractaires, sont plus inquiétantes.
Les rues défoncées appartiennent aux 4X4 des diplomates, des humanitaires, des journalistes, mais aussi des Afghans, ministres, députés et hommes d'affaires qui ont su profiter de la manne occidentale. Aux heures de pointe, les voitures, surtout des Corolla, s'agglutinent aux carrefours au milieu des mendiants, des enfants, des estropiés, des femmes ensevelies dans une burqa sale. Les femmes mieux nanties, elle, n'ont plus peur de sortir à visage découvert. Un châle suffit. Pour le reste, elles sont encore loin de conduire les rênes de ce pays, ne serait-ce que le seul volant d'une voiture. Mais c'est la démocratie, paraît-il. Et quelques unes siègent - la plupart en silence - au Parlement, ce rassemblement de conservateurs que l'on pourrait sans problèmes qualifier de talibans non armés.
Ce qui m'a le plus frappée, c'est l'émergence timide mais réelle d'une vie culturelle, rasée pendant la guerre civile et le régime des talibans. Il y a désormais un Festival de rock à Kaboul, des rappeurs, des téléromans faits maison, des concours de poésie, des graffitis dénonçant l'oppression et la corruption... Et parmi ses artistes, ce sont de jeunes femmes qui tiennent le flambeau. Oui, Kaboul a bien changé.
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