L'histoire est simple et reste une épine dans les relations entre les Emirats arabes unis et l'Iran, pourtant partenaires commerciaux traditionnels. En novembre 1971, la Grande-Bretagne venait de retirer ses troupes des sises à l'embouchure du détroit d'Ormuz au terme de plus d'un siècle de "protectorat" sur cette région du Golfe. Sous les ordres du Shah, la marine militaire iranienne en profita alors pour prendre le contrôle des îles stratégiques de Tunb et d'Abu Musa.
Que cette exposition soit organisée alors que les relations des Etats-Unis et de l'Europe avec l'Iran semblent sur la voie de l'apaisement est sans doute une coïncidence. Après tout, ce n'est pas le régime iranien actuel qui à l'origine de cette annexion, mais son prédécesseur royal que soutenaient les Etats-Unis. Mais cette politique de passer sous silence le nom du "coupable" ou de l'"ennemi" n'est pas nouvelle. Ainsi aux Emirats - comme dans la plupart des pays arabes - le mot Israël se voit biffer au stylo des atlas - en anglais - mis en vente dans les librairies. Normal me direz-vous puisque les Emirats ne reconnaissent pas l'Etat hébreu qui a lui rayé de la carte la Palestine, et pas seulement à coups de crayon. Sauf que dans les rayons de la même librairie (la japonaise Kinokunaya), on peut se procurer sans problème une "Histoire d'Israël", les essais sur l'islam du très orientaliste et pro-israélien Benard Lewis ou encore le Mein Kampf d'Adolf Hitler. Devant ma perplexité, une amie arabe m'a dit en riant: "tu vois que nous sommes dans un pays libre..."