La dictature est la mère de la métaphore, a écrit l'Argentin Jorge Luis Borges.
Il est un poète qatari qui, emporté par l'euphorie de la "Révolution du Jasmin" en Tunisie, n'a pas su manier la métaphore dans un pays où dire les choses crûment par leur nom peut vous valoir la prison. C'est bien ce qu'il a eu, la prison. Il a d'abord été condamné à la perpétuité puis à 15 ans de réclusion pour "insulte contre l'Emir" et appel au "renversement de l'ordre établi". Une peine que la justice a décidé de maintenir cette semaine.
Le poème incriminé - lu par son auteur lors d'une soirée privée puis mis en ligne par un convive - se voulait un "avertissement au pays dont les citoyens dorment/Un jour vous disposez de vos droits, le lendemain ils vont ont été pris".
"Les régimes arabes et ceux qui les dirigent / sont tous, sans une seule exception,/ une honte, des voleurs./ A cette question qui te tient réveiller la nuit/ tu ne trouveras pas de réponse sur les chaînes officielles:/ Pourquoi, pourquoi ces régimes/ importent tout de l'Occident/ tout sauf l'Etat de droit/ tout sauf la liberté".
Et le poète emprisonné, c'est Mohammed ben Dhib al-Ajami. Mohammed, "fils du loup iranien". Dans la guerre sainte que se livrent sunnites et chiites ou que certains voudraient qu'ils se livrent, un nom pareil, c'est bien assez pour se faire arrêter...
Avant cette affaire, Al-Ajami était un parfait inconnu hors des frontières du Golfe arabo-persique. La notoriété se paie parfois très chère pour les poètes. Il suffit de penser à feu Joseph Brodsky, jeune poète qui se tenait pourtant loin de la politique et qui a été condamné pour "parasitisme" par la justice soviétique. Il est revenu vivant de sa relégation dans le Grand Nord, a été expulsé d'URSS et est devenu une légende couronnée du prix Nobel. Les régimes (dé)font les poètes, c'est selon.
Al-Ajami peut ainsi se consoler dans sa geôle en pensant que tous les grands poètes ont été un jour ou l'autre des contestataires de l'ordre établi, que ce soit Hugo, Mandelstam, Qabbani... Beaucoup ont connu l'exil, d'autres la prison. Oui, les mots sont dangereux, et même la métaphore n'est parfois, de toute façon, d'aucun secours.
Il est un poète qatari qui, emporté par l'euphorie de la "Révolution du Jasmin" en Tunisie, n'a pas su manier la métaphore dans un pays où dire les choses crûment par leur nom peut vous valoir la prison. C'est bien ce qu'il a eu, la prison. Il a d'abord été condamné à la perpétuité puis à 15 ans de réclusion pour "insulte contre l'Emir" et appel au "renversement de l'ordre établi". Une peine que la justice a décidé de maintenir cette semaine.
Le poème incriminé - lu par son auteur lors d'une soirée privée puis mis en ligne par un convive - se voulait un "avertissement au pays dont les citoyens dorment/Un jour vous disposez de vos droits, le lendemain ils vont ont été pris".
"Les régimes arabes et ceux qui les dirigent / sont tous, sans une seule exception,/ une honte, des voleurs./ A cette question qui te tient réveiller la nuit/ tu ne trouveras pas de réponse sur les chaînes officielles:/ Pourquoi, pourquoi ces régimes/ importent tout de l'Occident/ tout sauf l'Etat de droit/ tout sauf la liberté".
Et le poète emprisonné, c'est Mohammed ben Dhib al-Ajami. Mohammed, "fils du loup iranien". Dans la guerre sainte que se livrent sunnites et chiites ou que certains voudraient qu'ils se livrent, un nom pareil, c'est bien assez pour se faire arrêter...
Avant cette affaire, Al-Ajami était un parfait inconnu hors des frontières du Golfe arabo-persique. La notoriété se paie parfois très chère pour les poètes. Il suffit de penser à feu Joseph Brodsky, jeune poète qui se tenait pourtant loin de la politique et qui a été condamné pour "parasitisme" par la justice soviétique. Il est revenu vivant de sa relégation dans le Grand Nord, a été expulsé d'URSS et est devenu une légende couronnée du prix Nobel. Les régimes (dé)font les poètes, c'est selon.
Al-Ajami peut ainsi se consoler dans sa geôle en pensant que tous les grands poètes ont été un jour ou l'autre des contestataires de l'ordre établi, que ce soit Hugo, Mandelstam, Qabbani... Beaucoup ont connu l'exil, d'autres la prison. Oui, les mots sont dangereux, et même la métaphore n'est parfois, de toute façon, d'aucun secours.